La première étape de la journée est la visite d’une des deux laqueries de Saïgon. Avant de rentrer dans le magasin, un vietnamien nous fait un exposé sur la laque dans un très bon français, avec peu d’accent et en choisissant ses mots avec soin ; la laque est un produit naturel, obtenu d’un arbre, le laquier ; on l’extrait par incision sur le tronc (comme dans le cas de l’hévéa) ; on obtient deux produits, un produit coloré qui devient noir au contact de l’air et un produit transparent ; les processus de fabrication sont longs : on recouvre le bois (ou le contreplaqué ou le métal) d’une couche de laque, on laisse sécher, puis on ponce et on recommence une trentaine de fois ; à l’issue de l’opération, le support est durci et le revêtement inaltérable ; on peut ensuite faire ce que l’on veut : une peinture, des incrustations de nacre (on achète des lames fines de nacre chez des fabricants qui l’obtiennent à partir de coquillages ou d’escargots de mer), ou encore du collage de débris de coquilles d’œufs de cane, on peut mixer les trois techniques.
On pénètre ensuite dans le magasin où l’on peut voir de très belles réalisations : peintures de paysage, peintures avec nacre, et coquilles d’œuf ; peu achètent, c’est dommage mais ensuite il faudrait trimbaler le tableau pendant tout le reste du voyage.
On reprend la voiture pour aller dans le quartier chinois de Cholon ; le guide en profite pour nous parler d'une partie de l’histoire des Chinois au Vietnam.
Dans la seconde moitié du dix-septième siècle, en Chine, la dynastie des Ming s’achève et est remplacée par celle des Qing (dynastie Mandchoue qui restera au pouvoir jusqu’en 1911, date de l’avénement de la première république chinoise) ; ceux-ci ne favorisant plus leurs activités, de riches marchands chinois, décident de quitter leur pays avec leurs biens et des armes lourdes et de demander asile au seigneur N’Guyen du centre du Vietnam ; ce dernier, sentant leur menace, leur concède deux territoires, l’un au centre, non loin de Hué, sa capitale, l’autre dans la région de Saïgon, alors peu développée et couverte de marais et de forêt vierge ; les chinois vont transformer la région et la développer ; ils vont toujours avoir de bonnes relations avec les Vietnamiens, tout en gardant leur nationalité et en vivant selon leurs coutumes.
Les dissensions viendront bien des années après, lorsqu’au lendemain de la réunification, le gouvernement vietnamien viendra au secours du Cambodge, où les Khmers rouges communistes se livrent à un génocide des populations ; malheureusement la Chine est du côté des Khmers et attaque le Vietnam sur sa frontière Nord ; les Chinois du Vietnam prennent le parti de leur pays, la Chine, envoient de l’argent là-bas et mettent le drapeau chinois sur leurs bâtiments ; les Vietnamiens leur posent un ultimatum : ou rester et prendre la nationalité vietnamienne, ethnie Hoa, ce que feront les plus pauvres, ou repartir en Chine, ce que feront les plus riches.
Nous voyons d’abord des boutiques de plantes médicinales qui sont – nous dit-on – encore très utilisées pour les petits bobos de la vie courante, de préférence aux médicaments.
Nous arrivons ensuite devant le temple taoïste chinois de Thien Hau où se déroule une cérémonie avec des jeunes gens habillés en dragons ; le temple est finement sculpté et décoré avec les statues de déesses qu’on invoque (fertilité) ; on peut offrir des prières sous forme de cônes d’encens qui brûlent lentement.
Maintenant c'est le départ pour le delta du Mékong, le grenier à riz du Vietnam, en production loin devant le Vietnam du Nord.
Cette partie du pays est également un gros producteur de fruits et légumes et a aussi une activité de pisciculture.
Le Mékong a neuf bras qui se jettent dans la mer, dont 2 principaux, le Bras antérieur (Tiên Giang) et le Bras postérieur (Hau Giang).
On prend l'autoroute pendant deux heures environ ; on voit les rizières, qui entourent quelquefois des tombes (d’après le guide, elles préexistent aux rizières), des cocotiers et autres arbres, des étendues d’eau ; toute cette région a été mise en valeur par des Chinois qui vivent au Vietnam depuis qu’ils ont obtenu un droit d’installation par le seigneur N'Guyen.
On visite un temple caodaïste, religion récente, créée au 20ème siècle, qui fait une synthèse de plusieurs "religions" (confucianisme, taôisme, bouddhisme, et même catholicisme) ; les bâtiments sont très décorés avec des motifs colorés et des symboles de ces différentes religions.
Nous faisons un court trajet en sampan pendant lequel on nous offre de petites bananes.
Nous arrivons au restaurant tenu par une famille depuis 6 générations et pénétrons dans une salle d’entrée qui contient au centre un autel pour Bouddha et à droite comme à gauche un autel pour les ancêtres ; la salle possède de très beaux meubles en bois incrustés de nacre ; nous allons manger dehors, sur une terrasse couverte ; repas agréable avec soupe, nems, grosse crevette avec une sauce salée et citronnée, morceaux de poisson à "oreilles d'éléphant" placés dans une feuille de riz avec de l’ananas et de la courgette, et enfin pastèque.
Nous nous promenons dans le verger, le guide nous montre différents arbres fruitiers et leurs fruits, comme le jacquier, le palmier à noix de coco, l'arbre à pain.
Nous rejoignons ensuite le sampan puis faisons une longue promenade à travers les canaux ; on se retrouve à un moment sur le Bras antérieur du Mékong ; une bonne partie de l’activité est liée au transport du riz et de ses sous-produits, paille et balle de riz, utilisées dans la vie courante.
Dans le sampan, on nous sert des fruits coupés : mangue, ananas, pomme de lait et jacques ; on descend de bateau pour déguster, près de Vinh Long, des produits locaux fabriqués devant nous à partir du riz : des feuilles de riz, du riz sauté, des caramels aromatisés à la noix de coco …
puis nous allons visiter un marché à Vinh Long même : très grande variété de légumes et fruits, très riche marché aux poissons.
Nous reprenons le car pour Cantho, la grande ville du delta du Mekong, située sur le Bras postérieur du Mékong.
Nous arrivons à notre hôtel 4 étoiles ; il y a une fête bruyante avec musique et animation juste en face de l’hôtel et beaucoup de participants ; on ne sait pas ce que c’est, vu la proximité de la fête du Têt (Nouvel An ici) ; ça semble être une fête organisée par une grosse société pour ses employés et leur famille.
L'apéritif est préparé par le guide qui nous avait demandé de l'argent pour constituer une cagnotte servant à payer les pourboires mais aussi ce genre de réjouissances, qui lui permet de mieux faire connaissance avec nous ; c'est une sorte de punch à base d’alcool de riz, mélangé à du jus d’orange et de pêche, servi avec les biscuits apéritifs locaux, galette de riz à la noix de coco, plutôt légèrement sucrés que salés.
Le repas du soir est pris dehors, avec le fleuve en contrebas : repas agréable comme d’habitude.