Lever tôt à 5h30 pour petit-déjeuner à 6h ; nous devons partir pour l’aéroport de XIAN prendre notre premier vol pour GUIYANG dans le sud (province de GUIZHOU) ; les bagages ont été pris en charge par un bagagiste la veille à 23h si bien qu’on n’aura plus à s’en préoccuper avant l’arrivée à GUIYANG.
Pas de problèmes à l’aéroport de XIAN, le vol, d’une durée de 2h10, se déroule bien et on arrive dans la ville de GUIYANG, capitale de la province.
Notre guide local – nous en aurons six en tout pendant le voyage – nous accueille à l’aéroport ; son « prénom » français est Franck, sinon c'est Ciao Fan ; il nous conduit à notre bus et nous allons tout de suite manger dans un restaurant de l’aéroport avant de faire en autoroute les 200 km qui nous sépare de KAILI, située à environ 800 m d’altitude.
La ville de GUIYANG est pour sa part située à 1 000 m d’altitude et a une population de 1 600 000 habitants, nous n’allons pas la visiter et la laissons de côté.
Franck - style jeune et décontracté au premier abord - est assez bavard et nous donne pas mal d’informations sur la Chine et surtout sa province : situation, climat, relief, cultures, économie, nourriture.
La province de GUIZHOU (prononcer Kuitcho) est située au milieu de quatre provinces, le HUNAN au Nord Est, le SICHUAN au Nord ouest, le YUNNAN (et ses pandas) au Sud Ouest, le GUANGXI au Sud, prochaine province où nous nous rendrons ; elle comporte 60 millions d’habitants sur une superficie de 176 000 km2.
Le climat est tempéré et humide.
Le relief est montagneux (relief karstique avec ses formes de pains de sucre) ; il y a 60 % de forêts (avec de plus en plus de conifères, comme le sapin qui pousse plus vite et est utilisé comme bois de construction des maisons), 30 % de terres incultes et 10 % de terres cultivables (riz, maïs, sarrasin, pommes de terre, poiriers…) ; les cultures occupent les nombreuses vallées fluviales qui sillonnent les collines karstiques ou s’étagent en terrasses sur leurs flancs, bien arrosés dans cette région humide.
Dans les rizières, à cette période de l’année, on voit du colza et ses fleurs jaunes ou des navets et leurs fleurs blanches (qu’on mange ou qu’on laisse pourrir pour nourrir la terre avant d’y repiquer le riz - une seule récolte ici -) ; sur la même parcelle, on met successivement plusieurs cultures : des légumes en hiver, puis du colza puis le riz qu’on sème en avril-mai et qu’on récolte entre septembre et novembre ; on aperçoit de temps à autre un buffle qu’on utilise pour le labourage.
Il y a beaucoup de mines dans la région (charbon, fer, aluminium, phosphates) ; il n’y a pas d’usines et les produits sont vendus à d’autres provinces où ils sont acheminés par train ; au passage, le guide nous dit qu’en 2015, il a été décidé de fermer 50 % des centrales thermiques – trop polluantes – et de les remplacer par d’autres énergies comme l’éolienne par exemple.
Pour la nourriture, si au Nord de la Chine, on cultive des céréales, on fait de la farine et on mange des nouilles, au sud, on mange du riz avec de la sauce piquante et vinaigrée ainsi que des piments pour transpirer car il fait chaud.
L’alcool de sorgho (40-50°) qu’on nous fera goûter est très cher (2 000 yuans pour 500 ml) ; les chinois sont réputés parler fort quand ils boivent de l’alcool mais cela est somme toute assez courant…
Il y a deux espèces différentes de riz : le blanc et le gluant, le blanc plus large qu’on cuit en 20 mn, celui qu’on mange le plus souvent, le gluant, plus rond, qu’on conserve avec l’écorce en le séchant, qui est réservé à la fête, plus long à préparer (mettre 12 h dans l’eau puis cuire 3 heures à la vapeur) et qu’on peut teindre (plus facile à digérer, nous dit-on).
On fait de l’huile d’arachides dans le Nord, de l'huile de colza dans le Sud Ouest.
Pour la viande – qu’on consomme moins que les légumes, ce qu’on constatera dans tous les repas que nous allons faire en Chine -, c’est d’abord le porc puis le bœuf, le poulet et le canard ; le chien est une viande plutôt chère, pour les fêtes, mangée depuis 3 000 ans et qui donne lieu à des élevages.
On mange aussi du poisson, principalement de la carpe (élevée dans les rizières), mais attention aux arêtes !
Les légumes, mangés le plus souvent en petits morceaux sont très variés : choux (voire sous forme de choucroute chinoise), brocolis, carottes, oignons, navets, pousses de bambou, germes de soja, maïs, pommes de terre ou patates douces, salade de jacinthe d’eau, épinards…
La province comportant de nombreuses ethnies minoritaires, le guide nous fait un exposé général sur ce sujet : l’ethnie majoritaire HAN représente 92% de la population chinoise estimée à 1,4 Milliard d’habitants, les ethnies minoritaires, au nombre officiel de 54, représentent donc environ 112 Millions d’habitants.
Dans la province de GUIZHOU il y a autour de 33 ethnies minoritaires, parmi lesquelles les MIAOS et les DONGS que nous allons voir pendant notre périple.
Les paysages se ressemblent sur toute la distance à parcourir, il y a de très beaux coins bucoliques avec des villages, des terrasses, la couleur verte des champs, le jaune du colza, les arbres en fleurs, et d’autres beaucoup moins beaux à cause d’une urbanisation poussée avec de grands immeubles et même des tours, des usines, des carrières, toutes choses qui semblent déplacées dans le paysage tant elles le défigurent ; bien sûr, cet « aménagement » du territoire doit avoir ses raisons…
On arrive vers 15h30 à KAILI, une assez grande ville qui comporte 60 % d’ethnies minoritaires ; on doit d’abord aller visiter le musée des ethnies que le guide local avait oublié - mais certains d’entre nous veillent au bon respect du programme - ; malheureusement, on ne peut y entrer aujourd’hui à cause de travaux, on ira donc demain matin avant d’aller voir les villages dans la montagne ; on part donc visiter un marché style bazar où il y a de tout : légumes, viandes (porc, canard, poulet), fruits, vêtements, tresses de cheveux et curieusement beaucoup de boutiques de dentistes attendant le chaland.
La population est nombreuse et animée, une petite fille qui revient de l’école avec son cartable, cherche à communiquer avec le groupe, elle ne sait pas parler notre langue, ouvre son cartable, prend un livre d’anglais pour débutants et nous montre un des premiers mots qu’elle a appris - welcome -, instant de grâce.
Nous arrivons à l’hôtel vers 17h45 et avons rendez-vous à 19h pour le restaurant où nous nous rendrons en bus.
Avant de partir pour les villages dans la montagne, on va visiter le musée des ethnies qui est ouvert ce matin ; on n’est pas déçus, c’est un beau musée qui présente principalement les minorités MIAOS et DONGS majoritaires dans région de KAILI;
il y a de très belles photos de paysages, de femmes en costumes brodés avec leurs bijoux en argent, des reconstitutions de très belles maisons en bois ouvragé, avec balcon ; ces populations ont conservé leurs coutumes et leurs particularités, ce qui est admis par l’état chinois qui les écoute ; ces populations étaient animistes et respectaient également le culte des ancêtres.
Au sein de la province de GUIZHOU, KAILI est le siège de la préfecture de la région autonome des MIAOS et des DONGS, QIANDONGNAN, chacune des ethnies dirigeant la région à tour de rôle ; actuellement, nous dit le guide, il y a des mariages entre les MIAOS, les DONGS et les HANS (ethnie majoritaire chinoise).
Les MIAOS et les DONGS sont arrivés tous les deux dans cette région montagneuse, venant d’autres régions de Chine, suite à des migrations causées par des défaites face à d’autres peuples de la Chine ; c’est ainsi que les MIAOS sont originaires de zones montagneuses du Nord-Est de la Chine et ont continué également leur migration vers le Sud Ouest (Vietnam, Laos et Thaïlande ) qu’on connaît là-bas sous le nom de MEOS ou de HMONGS ; quant à eux, les DONGS sont originaires du Sud Est, pas loin de la mer.
Les MIAOS se sont installés dans la montagne, les DONGS le long des rivières, ils partagent entre eux un certain nombre de coutumes comme par exemple les bijoux argentés.
Le guide nous dit que lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de 2008, 1000 jeunes filles MIAOS ont défilé dans le silence du stade, portant leurs volumineux bijoux argentés qu’on entendait cliqueter.